Pendant que les Camerounais sont impatients de savoir quand est ce que les procès du CovidGate 2021 seront ouvert, le sommet de l’Etat s’occupe avec des échanges épistolaires recherchant le rapport de la Chambre des Comptes sur les 180 milliards de FCFA du « fond spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus et ses répercussions économiques et sociales ».
Pourtant, il est tout simplement question pour le ministre de la Justice d’être en possession dudit rapport, qui devrait lui être transmis par la présidence de la République, pour l’ouverture de l’information judiciaire. Au regard de la foultitude des ministres et autres personnalités impliqués dans cette affaire, l’urgence d’un remaniement ministériel massif est signalé afin de décharger les personnalités mis en cause, par le rapport du président Yap Abdou, de leurs fonctions pour permettre une bonne célérité de la procédure.
C’est un nouvel épisode du « Covidgate » qui vient de voir le jour, dans le cadre du développement des enquêtes ordonnées, il y a un mois, par Paul Biya, autour de la gestion des fonds de la Covid 19. En effet, dans une curieuse lettre datée du 22 avril 2021, Laurent Esso écrit à Ferdinand Ngoh Ngoh en ces termes: « Suite à votre correspondance de référence et dont l’objet est porté en marge me répercutant les hautes directives du chef de l’Etat prescrivant l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les auteurs, co-auteurs et complices des cas de malversations financières relevés par le rapport de la chambre des comptes de la Cour Suprême. J’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir me faire parvenir les pièces d’investigation de la haute juridiction, non jointes à votre correspondance sus-visée ».
Où est donc passé le rapport de la Chambre des Comptes que détient le Sgpr ?
On se souvient que le 6 avril 2021, le président de la République, Paul Biya, avait ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les auteurs, co-au-teurs et complices des cas de malversations financières dans le cadre de la gestion des fonds affectés à la lutte contre la Covid-19.
«En vous faisant tenir ci-joint thermocopie du rapport de la Chambre des Comptes de la Cour Suprême, relatif à l’objet repris en marge, j’ai l’honneur de vous répercuter les hautes directives du chef de l’Etat, prescrivant l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les auteurs, co-auteurs et complices des cas de malversations financières y relevés», pouvait-on lire dans la correspondance du secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr) Ferdinand Ngoh Ngoh, adressée au ministre de la Justice(Minjustice), Laurent Esso.
Justement, c’est ici que se trouve l’énigme de la correspondance du Minjustice du 22 avril dernier dans laquelle, il demande au Sgpr, île lui faire «parvenir les pièces d‘investigations de la Haute juridiction, non jointes à votre correspondance sus- visée». Cela veut-il laisser entendre que la thermocopie du rapport de la haute juridiction dont ce dernier faisait état aurait disparu, lors de la transmission du courrier entre la présidence de la République et le ministère de la Justice ?
Là est toute la question ! Pour rappel, ces correspondances interviennent après celle adressée le 29 mars dernier par le Sgpr au ministre chargée du Contrôle supérieur de l’Etat (Constipe), lui demandant une accélération de l’audit des fonds mis à la disposition du ministère de la Santé pour la lutte contre la Covid-19. Le rapport de cet audit, avait précisé Ferdinand Ngoh Ngoh, «’ faciliterait la conclusion avec le Fonds monétaire international d’un nouveau programme économique et financier ».
L’enquête peut-elle avancer sans le rapport de la chambre des comptes ?
En clair, c’est que Ferdinand Ngoh Ngoh aurait transmis à Laurent Esso les instructions du 6 avril 2021 sans y joindre le principal document de travail, à savoir le rapport d’étape de la Chambre des Comptes. Et comment ouvrir des enquêtes judiciaires dans ces conditions ? C’est pourquoi le ministre d’Etat, ministre de la Justice, Garde des sceaux, réclame les pièces d’investigations fournies par la Chambre des comptes de la Cour Suprême, pour ordonner l’ouverture des enquêtes, à travers le ministère public.
Même si pour certains juristes, « les magistrats peuvent bien ouvrir des enquêtes judiciaires sur la base des sommes d’argents perçus par les différents départements ministériels et autres administrations. Car il suffît de convoquer les gestionnaires des fonds Covid-19 pour qu’ils viennent justifier les dépenses faites en se rassurant que celles-ci ont été faites dans les règles de l’art. Il n’en demeure pas moins que avec le rapport de la chambre des comptes, les magistrats commis pour cette affaire auraient la tâche moins difficile parce que les experts de cette juridiction financière s’y sont suffisamment attelés ». Il est donc constant que le rapport des hommes des Yap Abdou est suffisamment important mais pas indispensable pour la suite de la procédure prescrite par le chef de l’Etat. »
Aux sources de l’enquête prescrites par le chef de l’Etat
Selon certaines informations tirées à bonnes sources, le prêt du Fini était assorti de conditionnalités, parmi lesquelles l’audit de la gestion de cet argent. Mais c’est I 80 milliards fcfa qui seront débloqués par le gouvernement à titre de « fond spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus et ses répercussions et ses répercussions économiques et sociales ».
Sur ces 180 milliards fcfa du gouvernement, 131,948 400 000 milliards de Fcfa étaient destinés au fonctionnement. C’est-à-dire l’intégralité du prêt du Fini. Et 41, 051 100 000 milliards de Fcfa pour l’investissement. Il était alors convenu que le Constipe va se limiter au ministère de la Santé, pendant que la Chambre des comptes va auditer tous les comptes des administrations qui étaient impliquées dans la lutte contre la Covid-19. A la mi-mars, la Chambre des comptes aurait remis son rapport au Premier ministre qui l’a aussitôt transmis à la présidence de la République.
En réalité, il était question d’aller vite, puisque le ministre des Finances Louis Paul Motaze avait négocié et obtenu du Fini un nouvel accord. Sauf que l’institution financière voulait d’abord des comptes sur l’argent de la Covid-19 obtenu sans taux d’intérêt. Le rapport de la Chambre des Comptes ayant révélé un important scandale financier, Paul Biya a alors décidé d’ouvrir une enquête pénale. C’est ainsi qu’il a instruit à son secrétaire général de transmettre le dossier à Laurent Esso.
180 milliards de Fcfa en fumée !
Ce qui apparaît déjà, selon certaines indiscrétions, c’est que 1’ «Epervier » plane déjà au-dessus de la tête de beaucoup de ministres et de hautes personnalités du pays, du lait que leurs justificatifs n’ont pas convaincus les enquêteurs de la Chambre des Comptes.
Pour en avoir une idée, sachez que dans le cadre de la dotation du Fonds spécial, la répartition s’est déroulée comme indiqué sur le tableau à la page 5. Dans les chaumières, de nombreux bénéficiaires auprès de certaines administrations disent n’avoir rien touché jusqu’ici alors qu’ils avaient au préalable constitué des dossiers en bonne et due forme. Ils disent être prêts à dénoncer les gestionnaires de ses fonds « perclus » lorsque l’enquête judiciaire sera officiellement ouverte.
Des témoins affirment que des agents des ministères utilisatrices de cet argent écument tous les jours les bureautiques pour fabriquer des fausses factures et autres décharges des fonds par des tierces personnes. Les différents responsables de la chaine des dépenses ont définitivement perdu le sommeil, apprends-t-on. Car le Cameroun s’apprête à vivre une autre opération épervier bis avec ses interminables procès. Pour cause des hommes sans foi ni loi ont profité de la pandémie du coronavirus pour se» servir au lieu de servir le peuple suffisamment traumatisé par ces morts subites.
Quand l’hon Nintcheu exige des sanctions exemplaires
Dans une déclaration incendiaire intitulée : « Covidgate: les manœuvres de diversion sur fond de règlement de comptes intra sérail ne sauraient prospérer », le député du Social democratic front (Sdf) à l’Assemblée nationale évoque la différence majeure en matière de gestion des fonds de Covid-19 qui « réside dans ce que dans d’autres pays, les mesures conservatoires et les sanctions sont rapides après les dénonciations des scandales liés à la gestion des fonds Covid 19.
Au Cameroun, on en est encore à se demander où est passé le rapport de la Chambre des Comptes et si ledit rapport a été transmis à la justice pour ouverture d’une information judiciaire ». Pendant ce temps dans les «pays comme le Zimbabwe, le ministre de la Santé a été limogé et inculpé pour des faits de corruption. Au Kenya, des hauts fonctionnaires et hommes d’affaires ont été épinglés dans le rapport d’audit. Le Directeur général de F Agence nationale du matériel médical a été suspendu de ses fonctions et des enquêtes judiciaires ont été ouvertes à cet effet.
En Afrique du sud, le scandale des « Covidpreneurs » a permis de confirmer dans un rapport que 17 millions de dollars de fonds Covid 19 ont fait l’objet de détournement. Le président Cyril Ramaphosa a ordonné en personne le lancement de plusieurs autres investigations après que le scandale des « Covidpreneurs » a éclaté dans la presse. Des liants fonctionnaires ont été dénoncés, ont démissionné et sont en attente de leur inculpation.
Pendant ce temps, « au Cameroun, le gouvernement a géré les fonds Covid-19 dans la plus grande opacité ». Toutes choses qu’il trouve inhumaines, « Profiter d’une catastrophe sanitaire qui a par la suite coûté la vie à plus de 1000 de nos concitoyens est inadmissible et totalement indécent » s’est-il indigné. Avant de souhaiter que ceux qui ont profité de la détresse des Camerounais pour s’en mettre plein les poches puissent rapidement croupir en prison.
Libérer les personnalités mis en cause pour la célérité de la procédure
Des sources proche du palais présidentiel d’Etoudi affirment que le chef de J’Etat, SE Paul Biya, à la lumière des premières conclusions des magistrats de cette juridiction financière, aurait opté de décharger de leurs fonctions respectives les responsables présumés coupables afin que ceux-ci puissent se mettre totalement à la disposition de la justice pour la manifestation de la vérité.
Les fins limiers des services d’intelligences sont déjà en alerte et n’attendent que le Ok du palais pour organiser la filature des présumés coupables afin que ceux-ci ne puissent pas tenter de se soustraire à la justice. Vu la pléthore des membres du gouvernement concernés par cette affaire, des sources affirment que l’on est en droit de s’attendre dans un avenir très proche à un vaste remaniement ministériel. C’est désormais la panique dans le sérail. Affaire à suivre.
Source: Source: Forum Libre n°129/Camerounweb
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