Renée Martel, la reine du country québécois qui a fait danser les foules yé-yé dans les années 1960, est décédée samedi, ont annoncé Les Productions Leclerc sur la page Facebook de la chanteuse. Elle était âgée de 74 ans. Mme Martel s’est éteinte samedi après-midi au centre hospitalier Honoré-Mercier, à St-Hyacinthe, à la suite d’une pneumonie sévère non reliée à la COVID-19.
Les hommages ont été nombreux à la suite de l’annonce de son décès. La ministre québécoise de la Culture, Nathalie Roy, l’a saluée sur Tweeter comme « une des plus grande chanteuse québécoise qui a enchaîné succès après succès ».
La blonde chanteuse laisse derrière elle un long héritage dans le répertoire de musique country du Québec, qu’elle a enrichi pendant toute sa vie, dès son enfance.
Née le 26 juin 1947 à Drummondville, Renée Martel baigne dans les ritournelles country depuis son tout jeune âge. Dès l’âge de cinq ans, elle monte sur les planches pour accompagner ses parents à la danse et au chant.
Malgré la vie trépidante de la tournée, son enfance sera marquée par de multiples bouleversements. Dans les premières années de sa vie, elle vivra tour à tour avec ses parents, dans une famille d’accueil et même dans un orphelinat, pendant un an.
« C’est très marquant, même aujourd’hui, je me souviens de ma rentrée, et j’avais 3 ans. J’ai vécu avec ça pendant des années », a-t-elle confié à l’émission radiophonique de René Homier-Roy, Viens voir les musiciens, en 2015.
Après avoir passé plusieurs années avec ses parents sur scène, Renée Martel devient une chanteuse solo dans les années 1960, à l’époque de la musique yé-yé marquée par les tubes des Baronets, des Classels et de César et les Romains.
« La fille de… »
Peut-être pour se démarquer de son père, avouera-t-elle plusieurs années plus tard, la chanteuse opte pour ce style musical lorsqu’elle fait ses débuts. C’est son interprétation de Liverpool à la populaire émission Jeunesse d’aujourd’hui en 1967 qui propulsera sa carrière.
« Moi, j’ai été longtemps “la fille de”. Et à un moment donné, mon père est devenu “le père de”. Et il a ben haï ça », a-t-elle dit en riant à l’émission Cette année-là en décembre 2018.
Sa relation avec son célèbre père a d’ailleurs été par moment orageuse. «Mon père était mon patron, et il ne savait pas faire la différence (…) Mon père n’était pas un bon père dans ma jeunesse», a-t-elle relaté au micro de René Homier-Roy.
« On n’a pas toujours été en guerre, quand même (…) Mais quand la guerre prenait, ce n’était pas drôle. »
Dès les années 1970, Renée Martel revient finalement au country. De son propre aveu, la traduction de la chanson Never Ending Song of Love, qui devient J’ai un amour qui ne veut pas mourir, représentera un moment décisif dans sa carrière. C’est son père qui lui avait suggéré de s’approprier cette chanson, et elle était plutôt réticente au début.
« Ça a changé toute ma carrière. Toute ma carrière au complet », a-t-elle relaté à l’émission Viens voir les musiciens.
Au cours des décennies 1970, 1980 et 1990, la prolifique chanteuse fera paraître une vingtaine d’albums, dont l’un de ses préférés sera Authentique, sorti en 1992, qu’elle a concocté après une pause professionnelle.
« Je pense qu’au niveau des textes, c’est un des plus beaux que j’ai écrits. Je n’avais plus de tension nulle part », a-t-elle dit à Viens voir les musiciens.
Difficultés personnelles
L’année 2008 sera marquée par un autre drame dans la vie de la chanteuse. Cette année-là, elle perd son conjoint qui s’enlève la vie.
« J’ai vu un psychiatre… et je le vois encore. Ça ne me gêne pas de le dire parce que (sans aide), j’en serais morte », raconte-t-elle au quotidien Le Soleil en 2012.
Dans les années suivantes, la maladie frappe encore la chanteuse, qui doit se battre contre un cancer du foie. En juin 2019, elle est forcée d’interrompre sa tournée « Cowgirl dorée, mon histoire! » pour soigner un cancer du sein.
Malgré toutes ces épreuves, Renée Martel dit qu’elle ne s’est jamais considérée comme une victime de la vie.
« La vie m’a envoyé des choses que j’ai subies et j’ai passé à travers. Mais la vie ne m’en veut pas tant que ça finalement (…) Ce sont des événements qui arrivent à n’importe qui », a-t-elle confié à René-Homier Roy en 2015.
Renée Martel laisse dans le deuil ses deux enfants, Dominique et Laurence.