L’armée russe, deuxième plus puissante armée mondiale, est mieux équipée et dispose de davantage de moyens humains que l’armée ukrainienne. L’Ukraine peut néanmoins compter sur ses alliés de l’Otan et sa population.
Les forces militaires terrestres russes sont entrées sur le territoire ukrainien , dans le cadre de l’opération militaire lancée par Moscou à l’aube ce jeudi. Dans un communiqué, les gardes-frontières ukrainiens ont annoncé que des véhicules militaires, « y compris des blindés » ont traversé la frontière en plusieurs points. Le bilan des victimes de part et d’autre est encore incertain et pourrait encore s’alourdir car des affrontements et bombardements sont signalés dans plusieurs régions du pays. Les Russes ont néanmoins l’avantage militaire : selon le communiqué des gardes-frontières ukrainiens, les forces russes ont fait une percée dans la région de Kiev, la capitale du pays. L’opération russe durera le temps nécessaire, affirme par ailleurs le Kremlin.
La Russie, deuxième armée la plus puissante du monde
Dans cette invasion, la Russie bénéficie d’un avantage territorial. Elle dispose d’une large frontière commune à l’est de l’Ukraine et des territoires séparatistes prorusses de Donetsk et du Lougansk comme points d’entrée. De plus, la Crimée, annexée en 2014, permet également à Moscou de disposer d’un territoire au Sud, idéalement situé entre la mer Noire, où des unités navales ont été massées, et la mer d’Azov, où la navigation a été fermée. Enfin, l’alliance avec la Biélorussie de Loukachencko, au nord de l’Ukraine, permet un encerclement quasi-total du pays.
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— Agence France-Presse (@afpfr) February 24, 2022
En termes de matériel et de moyens humains, Vladimir Poutine dispose d’une armée puissante. Il s’agit de la deuxième armée la plus puissante du monde(hors nucléaire), derrière les Etats-Unis, selon une étude de janvier 2022 de Global Fire Power, qui analyse des données militaires. Elle est également la 4e armée en terme d’effectifs. Elle serait de plus, dans ce contexte, rapidement mobilisable car prête depuis plusieurs mois. Dès novembre, Washington interpellait la Russie sur des mouvements de troupes « inhabituels » à la frontière ukrainienne. L’Ukraine assurait que 92 000 soldats russes étaient déployés à sa frontière. En décembre, des soldats russes étaient envoyés au Biélorussie pour des manœuvres conjointes.
Les Ukrainiens sont dans une situation militaire impossible avec une maîtrise du ciel totale par les Russes
Au total, les Etats-Unis et l’Ukraine affirment que la Russie dispose de 150 000 hommes aux frontières, un chiffre qui s’élève jusqu’à 190 000 hommes, en comptant les séparatistes de l’Est, mais qui n’a jamais été confirmé par Moscou. Selon le « Military Balance » de l’International Institute for Strategic Studies (IISS), cité par l’AFP, l’armée russe se compose au total sur 9000 000 soldats et deux millions de réservistes, plus de 500 000 paramilitaires, près de 3 000 chars, 1 846 avions, 832 hélicoptères et 51 sous-marins. « Les Ukrainiens sont dans une situation militaire impossible avec une maîtrise du ciel totale par les Russes », a indiqué auprès de l’AFP, François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation de la recherche stratégique (FRS) à Paris.
Outre la puissance militaire de terrain, des cyberattaques ciblent actuellement les sites internet du ministère de la Défense, de l’Intérieur ou de certaines banques ukrainiennes.
L’armée ukrainienne tardivement modernisée
Face à cette offensive puissante, le déséquilibre militaire semble grand. Toujours selon les chiffres du « Military Balance » de l’International Institute for Strategic Studies (IISS), l’armée ukrainienne, classée 22e par l’étude Global Fire Power, compte 196 000 hommes et 900 000 réservistes, ainsi que 102 000 paramilitaires. Elle compte également 858 chars, 187 avions, 46 hélicoptères mais aucun sous-marin.
Ses équipements datent en partie de l’ère soviétique, mais l’annexion de la Crimée par la Russie et la débâcle dans le Donbass en 2014 ont poussé les autorités ukrainiennes à lancer une modernisation. Le 1er septembre, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky , avait notamment annoncé un plan : recrutement de 100 000 soldats supplémentaires, création de nouvelles brigades, fin du service militaire pour davantage de professionnalisation, meilleurs salaires pour attirer les soldats…. Trop tard ?
L’aide de l’Otan et ses alliés
L’Ukraine a cependant pu compter sur l’aide des Etats-Unis au fil des années : ils ont fourni pour 2,5 milliards de dollars d’aide militaire depuis huit ans, dont 400 millions en 2021. Des armes légères, des navires de patrouille, lance-missiles antichars Javelin ont été fournis, associés à une formation des soldats, par les Américains mais aussi par l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie. Depuis 2015, le Royaume-Uni a également formé 22 000 soldats ukrainiens et fourni des missiles.
Le pays est également soutenu par l’Otan, qui a activé ses « plans de défense » pour déployer des forces supplémentaire en Europe de l’Est. Son secrétaire général, Jens Stoltenberg, a évoqué « l’envoi d’éléments » de la Force de réaction de l’Otan, qui compte 40 000 soldats et est dotée d’une force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF) composée de 8 000 militaires, dont 7 000 Français, avec une branche aérienne placée actuellement sous commandement français. Ces troupes ne seront pas déployées directement en Ukraine mais ont pour but de prévenir une attaque. « La mission de l’Otan est défensive et nous avertissons que toute attaque contre un allié sera considérée comme une attaque contre tous », a rappelé l’homme d’Etat norvégien.
Résistance interne ?
Le pays peut aussi compter sur sa population et ses réservistes. Mercredi, le président, Volodymyr Zelensky a annoncé la mobilisation d’une quarantaine de milliers de réservistes des Forces de défense territoriale d’Ukraine et proclamé la loi martiale dans le pays. Selon un reportage du Monde , de nombreux Ukrainiens ont suivi des entraînements militaires pour faire partie d’une brigade de volontaires de l’armée et se défendre en cas d’invasion russe. Dans un article du Figaro, Joseph Henrotin, rédacteur en chef de la revue Défense et sécurité internationale et chargé de recherche au Centre d’analyse et de prévision des risques internationaux, évoquait un possible « développement d’une guérilla » . Et d’ajouter : «Une guérilla ne fait pas énormément de dégâts en termes de volume, mais elle usera le moral des Russes».
Sur le terrain, le président ukrainien a ordonné qu’un « maximum de pertes soient infligées à l’agresseur », selon le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valery Zaloujni. Il assure que l’armée contrait les attaques « avec dignité ».
Source: Ljdd
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