Dans sa thèse de doctorat soutenue, récemment, au département de Sociologie, à l’Université de Cocody sur le thème : «Sociabilités et réciprocités autour des paris sportifs en ligne à Abidjan», Lago Akabla Yvon analyse les logiques sociales qui sous-tendent la pratique des paris sportifs en ligne dans les espaces de jeu en Côte d’Ivoire.
Dans cette étude, l’impétrant examine comment les réseaux et cercles sociaux dans lesquels sont insérés les parieurs, conditionnent l’usage des gains dans les sociabilités.
Selon lui, en Côte d’Ivoire, le développement d’Internet dans le courant des années 2000 s’est fait de pair avec celui des cybercafés indiquant tangiblement un engouement du grand public pour Internet (Bahi, 2006). Quelques années plus tard, ces espaces ont également favorisé le développement des paris sportifs en ligne.
La loi n°70-208 du 20 mars 1970 portant création de la Loterie nationale de Côte d’Ivoire (Lonaci) définit le cadre d’exploitation des jeux de hasard. A cela s’ajoute la convention du 17 juin 1996 favorisant la proposition au public d’une offre des paris sportifs en ligne dénommée « Sportcash 2 ». Ainsi, en plus des cybercafés, les paris sportifs en ligne s’organisaient dans les « espaces betclic » 3, et depuis 2012 au sein des « Sportcashs ».
L’étude montre que la pratique du jeu de hasard est marquée par la hausse du taux de chômage (21,37%, principalement les jeunes) et de la pauvreté (48,9%) exacerbée par les différentes crises socio-économiques et militaro-politiques depuis 2002. « Le jeu est mobilisé par des parieurs majoritairement jeunes (élèves, étudiants, apprentis dans les petits métiers du secteur informel) comme palliatif à cette situation de précarité », explique-t-il.
Toutefois, le jeu dans les cybercafés et les « Sportcashs » montre également une prédominance des rapports de coprésence influençant les pratiques, habitudes de jeu ainsi que les formes de réinvestissement des gains.
Mieux, selon l’étude, les paris sportifs en ligne dans les cybercafés rompent un principe de l’individualisation du jeu. « 67,1% des 203 parieurs enquêtés font des combinaisons en équipe et surtout à s’associer entre partenaires pour parier », confie l’impétrant.
Les parieurs ont affirmé que le jeu leur permet de sortir de l’assistance des parents ou encore investir pour se réaliser socialement à travers le jeu. Cependant, les données montrent une tendance plus ou moins généralisée de l’usage des gains dans l’animation des réseaux de sociabilités entre pairs à travers les dons, le partage de repas et de boissons lors des soirées organisées au bar ou en boîte de nuit.
Ces usages sont faits au détriment de certains usages qui ont motivé le jeu. À savoir l’investissement dans des activités économiques, le financement d’un concours d’entrée à la fonction publique ou encore la prise en charge des besoins de scolarisation. « 90% des gains sont utilisés avec des proches et partenaires de jeu », explique le doctorant.
Autant dire que la pratique des paris sportifs en ligne dans les espaces de jeu en Côte d’Ivoire est traversée par un ensemble de motivations et de rationalités qui contrastent avec les formes d’usage des gains.
Le jury composé du Pr Koudou Opadou, Professeur titulaire de Psychologie (président du jury) ; Pr Yao Gnabély Roch, Professeur titulaire de Sociologie (Directeur de thèse) ; Loba Akou Don Franck, Maître de Conférences en Géographie (Rapporteur) ; Kimou Assi José Carlos, Maître de Conférences Agrégé en Economie (Rapporteur), Lida Dali Serge, Maître de Conférences en Sociologie (Examinateur), a reconnu le mérite de l’étudiant en lui décernant la Mention Très honorable.
Yvon Lago est désormais Docteur en Sociologie, option : Sociologie de l’économie et de l’emploi.
Source: Fratmat
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