Le nouveau premier ministre du Tchad, opposant farouche au régime du défunt Idriss Début Itno a envoyé un message important aux opposants togolais. Quel est le contenu de ce message?. Lecture
Saleh Kebzabo a été nommé Premier ministre du Tchad ce mercredi 12 octobre 2022. Ancien adversaire farouche d’Idriss Déby Itno, il devient donc le chef du gouvernement de son fils. Alors que le pays entre dans une seconde phase de transition de 24 mois devant déboucher sur des élections, celui qui a beaucoup œuvré lors des 18 derniers mois explique pourquoi il a accepté sa nomination.
Saleh Kebzabo n’est pas un opposant de dernière minute. Pour qui connaît la fermeté de feu Deby, être un opposant debout à ce jour, ce n’est pas donné à n’importe qui. Saleh Kebzabo faut-il le dire, est un homme de conviction. Il a su conduire sa lutte jusqu’au dernier souffle de feu Deby. Après le décès d’Itno, le vieil opposant a vite compris les choses et a aussi changé de stratégie de son combat.
Le plus farouche opposant a expliqué la main tendue du fils du président par une seule raison. Il s’agit selon lui, d’aboutir à ce qui a été entrepris politiquement dans ce pays depuis la mort du président Déby. Et il va plus loin pour faire savoir qu’il n’est plus question de combattre le fils avec les mêmes « armes » utilisées au temps de son père. Un message très important qu’il envoie implicitement aux opposants togolais.
Au Togo, l’opposition avait laissé la proie pour l’ombre en réactivant suite au décès de feu Gnassingbé Eyadéma, le même combat qu’avec son fils Faure Essozimna Gnassingbé. Ce, malgré les signaux favorables envoyés en ce temps par son fils à l’opposition.
Il s’agit d’une erreur grave.
Les opposants ont fait fi de tout bois malgré la disponibilité affichée du fils, Faure Gnassingbé à faire autrement les choses. L’opposition togolaise n’a pas pu saisir la balle au bon moment. D’égarements en égarements, elle est finalement conduite vers le grand gouffre le 22 février 2020 suite après la présidentielle. Le trou est tellement béant que, les Togolais se demandent si elle finira par sortir la tête de l’eau.
Si Saleh Kebzabo était un opposant au Togo, ce pas géant qu’il venait de poser va rencontrer l’opposition parmi ses camarades de lutte.
Pourtant, au Tchad, la plupart des opposants et même le parti de Deby, le MPS a apprécié le choix porté sur le plus vieil opposant du pays.
Kebzabo prend donc la tête du gouvernement tchadien et devra surmonter plusieurs défis comme les inondations qui touchent à nouveau N’djamena depuis quelques jours, l’accès à l’eau, les délestages, le chômage des jeunes diplômés, la lutte contre la corruption ou encore les conflits éleveurs-agriculteurs.
“Mon parti et moi-même, nous nous sommes inscrits dans l’engagement pour que les choses changent dans ce pays. Elles arrivent progressivement, c’est l’essentiel », a expliqué le nouveau Premier ministre.
Pour le nouveau chef du gouvernement de transition, s’il doit être utile pour son pays, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur pour que les choses avancent, c’est le plus important. “Il faut porter le message de l’espoir, du changement à tout point de vue, à tous les fronts, c’est à çà qu’on va se livrer“, dit-il. C’est un message qui interpelle la classe opposante au Togo que, Oui, quand on tombe on se réveille et surtout il faut vivre avec son temps et s’adapter aux situations qui se présentent.
Le MPS, parti de l’ex-président Idriss Déby dont Saleh Kebzabo a été l’opposant historique, valide cette décision. Les adversaires d’hier peuvent être les alliés d’aujourd’hui, estime Jean-Bernard Padaré, le porte-parole du Mouvement patriotique du salut.
Saleh Kebzabo est-il récompensé de son ralliement et de ses efforts pendant 18 mois au sein de la transition ? « Je pense qu’il a été réaliste », rétorque-t-il.
«Lui comme nous, avons compris que nous devons faire taire nos querelles intestines pour nous retrousser les manches et ensemble sauver ce pays qui risquait d’être en dérive et donc, pour nous, ce choix ne nous choque pas du tout, poursuit le responsable du MPS. Nous savions que le choix le plus normal serait le choix du président de l’UNDR comme chef du gouvernement et donc ça nous conforte dans notre position que les Tchadiens ont résolument pris la décision de construire un Tchad nouveau pour la jeunesse, qui n’attend que cela».
TGT
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