Dans une interview exclusive à Togotimes, l’honorable Abdoul Magid ag Mohamed ahmed dit Nasser ansari, Chef général de la tribu Kel Ansar du Mali, membre du Conseil de la Transition au Mali revient sur la rencontre générale de la tribu Kel ansar en collaboration avec les chefferies traditionnelles. La rencontre s’est tenue du 08 au 09 octobre 2022 à Bamako. Il apporte plus d’éclairage sur le bien-fondé de la rencontre avant de partager avec nous, quelques recommandations qui ont été faites à l’état, aux communautés, à l’endroit de la communauté internationale. Lecture
Togotimes.info : Présenter-vous à nos lecteurs ?
Abdoul Magid ag Mohamed ahmed dit Nasser ansari : Merci beaucoup. Je suis Honorable Abdoul Magid ag Mohamed ahmed dit Nasser ansari, Chef général de la tribu Kel Ansar du Mali, membre du Conseil de la Transition au Mali
Togotimes. Info : Parler-nous un peu de la Tribu KEL ANSAR, de façon résumée
Abdoul Magid ag Mohamed ahmed dit Nasser ansari : La tribu KEL ANSAR est une très grande confédération regroupant un ensemble de fraction et de villages dont le terroir d’attache s’étend de la frontière de la Mauritanie à l’Est jusqu’à au limite du cercle de Bourem à l’Ouest et au Nord jusqu’à la frontière algérienne aussi jusqu’aux limites …de Gossi dans la frontière du Burkina Faso. C’est une tribu composée de grands érudits de marabouts, de grands intellectuels, (…) installés dans le Sahara depuis le IIe siècle.
Comment se portent-ils, ces tribus aujourd’hui ?
Cette tribu a toujours œuvré pour la paix, la réconciliation. Comme le thème de notre rencontre le démontre «Paix et Sécurité et Développement», nous avons toujours œuvré pour la paix, l’entente entre tous les africains de manière générale et des maliens de manière particulière. N
Au sujet de la rencontre que vous venez d’évoquer, c’est du 08 au 09 octobre 2022 à Bamako, pourquoi les assises des chefferies traditionnelles sa Majesté ?
Cette rencontre comme son thème le dit « Paix, sécurité et Développement», est une rencontre initiée par la tribu Kel Ansar en collaboration avec les chefferies du Mali et certaines de la sous-région. L’objectif, c’est d’abord mettre toutes les chefferies traditionnelles ensemble, parlé de la paix, la sécurité et le développement.
La paix, la sécurité et le développement, la rencontre arrive à un moment où le Mali fait face à l’extrémisme violent et le terrorisme ?
Le terrorisme aussi bien que l’extrémisme violent, on ne peut combattre par l’unité de tous les africains, de tous les états africains, des chefferies africaines. Et ensemble, nous allons véhiculé les messages de paix entre tous citoyens maliens et de la sous-région afin de voir comment aider nos états et de la sous-région à poursuivre les efforts, et mettre en place des chefferies traditionnelles qui vont véhiculer des messages de paix, de sécurité. C’est de cette façon que nous pouvons vaincre l’insécurité et les fléaux qui déstabilisent nos pays
Sa Majesté, quel sera l’apport concrète de la Tribu Kel Ansar dans la lutte contre le terrorisme au Mali ?
Le terrorisme, ce sont les états qui peuvent combattre le terrorisme. La Tribu Kel Ansar n’est pas faite pour combattre le terrorisme. La tribu Kel Ansar c’est un ensemble de fraction et de villages qui sont dans un état. La mission de lutte, de sécurité est une mission régalienne de l’état dans lequel, nous sommes. Nous, notre mission, c’est de sensibiliser les populations pour qu’elles soient avec l’état malien, c’est ça notre mission afin qu’elles soutiennent la politique du gouvernement, la politique du président de la transition. On n’a pas mission de combattre le terrorisme ni l’insécurité, c’est de la mission régalienne des états
Après les assises des chefferies traditionnelles, que retenir ?
Les chefferies traditionnelles au Mali ont été supprimées depuis 1960. Nous sommes en train de faire un plaidoyer pour que l’état malien réhabilite les chefferies traditionnelles et déjà, les autorités maliennes ont fait un pas en dédiant une journée aux chefferies traditionnelles et dans l’avant-projet de la Nouvelle Constitution en article 185, les autorités maliennes ont donné un statut de chefferie traditionnelle. C’est déjà un acquis. Maintenant nous avons formulé à l’endroit :
Aux termes des deux jours de travaux, les participants ont examiné différents thèmes relatifs à la Chefferie traditionnelle pour la Sécurité, la Paix et le Développement ont convenu d’un relevé de conclusion, d’un plan opérationnel, et ont formulé des recommandations suivantes :
- A L’ENDROIT DES COMMUNAUTES :
- Développer les initiatives locales pour consolider la cohésion sociale et apaiser le climat social ;
- Utiliser le dialogue et les méthodes traditionnelles comme mode de résolution des conflits ;
- Développer l’éducation de la culture de la citoyenneté et de la non-violence
- Sensibiliser les communautés à promouvoir le vivre ensemble et la cohésion sociale ;
- Promouvoir la tolérance, la paix et la stabilité par le dialogue intra et intercommunautaire ;
- Créer et renforcer des cadres d’échanges de bonnes pratiques en matière de cohésion sociale ;
- Etablir entre les chefs traditionnels et coutumiers, une chaîne de solidarité et d’amitié et cela au-delà de toute considération politique, de couleur, de religion et de race ;
- Contribuer à l’esprit de veille citoyenne ;
- Favoriser les valeurs humaines, telles que Maya (l’humanisme), Jatigiya (l’hospitalité), Balimaya (la fraternité), Sinankuya (la parenté à plaisanterie) et bien d’autres valeurs…….
- Organiser des concertations régionales et locales sur le civisme et la citoyenneté ;
- Vulgariser les droits et devoirs du citoyen ;
- Multiplier les échanges de bonnes pratiques relatives au rôle de la chefferie traditionnelle dans la construction citoyenne et la cohésion sociale ;
- Elaborer une charte des valeurs communes qui donne la ligne de conduite ;
- Valoriser des valeurs culturelles et sociales et mettre en phase l’éducation civique ;
- Elaborer et mettre en œuvre des programmes de suivi et de renforcement de la cohésion sociale dans le cadre des actions post-médiation ;
- Contribuer par l’expertise locale à l’élaboration et la mise en œuvre des projets de développements intégrés ;
- Promotion des initiatives locales en faveur de la paix ;
- Identifier des priorités de relèvement économique et de développement ;
- Concevoir un cadre élargi de concertation et de consultation des acteurs locaux et les Chefferies Traditionnelles les permettant de promouvoir leur implication effective aux décisions qui les concernent ;
- Développer une stratégie de mobilisation des ressources ;
- Contribuer à la préservation de l’environnement gage d’un développement durable.
2- A L’ENDROIT DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE :
- Appui à l’Etat avec des moyens techniques et financiers pour l’accélération de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale ;
- Appui aux initiatives locales concourant à la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble ;
- Soutenir un Projet « Soutien à un pastoralisme résilient » ;
- Soutenir un projet d’accélération de résilience économique des communautés du milieu rural affectées par la sécheresse et les changements climatiques ;
- Renforcer la résilience des populations et des communautés vulnérables ;
- Promotion de la Chefferie Traditionnelle et l’appui aux réformes politiques et institutionnelles ;
- Appui à la réhabilitation des vestibules en péril ;
- Participer aux efforts de Paix et de Stabilité Sociale en s’appuyant sur notre histoire et nos valeurs culturelles ;
- Soutenir la pérennisation des actions de la présente rencontre ;
3- A L’ENDROIT DE L’ETAT :
- Adopter des mesures législatives et Constitutionnelles visant la prise en charge des Autorités traditionnelles et Coutumières (chef de Tribu, de cantons, de fraction, de village et de Quartiers)
- Introduction de la reconnaissance des Chefferies Traditionnelles dans la nouvelle constitution en cours d’élaboration
- Réviser la loi portant création des chefs de villages, de fractions en donnant plus de pouvoir aux chefferies traditionnelles.
- Mise en œuvre de l’APR notamment les points relatifs aux les Chefferies Traditionnelles et les CADI ;
- Création d’un cadre permanent, de concertation et d’action des Chefferies Traditionnelles ;
- La dépolitisation de la fonction des Chefferies Traditionnelles, et retrouver ses valeurs de neutralité, d’équité, de justice et d’équidistance ;
- Organisation et la structuration de la Chefferies Traditionnelles par terroir ;
- Mise en place d’un Programme d’Appui Administratif aux Chefferies Traditionnelles
- Organiser des ateliers de formations en renforcement de capacités des Chefferies Traditionnelles sut la gestion, les ODD etc……
- Inscrire un Programme d’Appui aux Chefferies Traditionnelles dans le Programme Présidentiel d’Urgence.
- Abroger les Arrêtées, relatifs à la suppression des chefferies Traditionnelles au Mali ;
- La création d’un Haut Conseil de la Chefferie Traditionnelle ;
- La mise en place d’une commission pour faire l’état de la chefferie traditionnelle authentique et la définition des termes appropriés ;
- La création de haut niveau d’un espace d’échanges et de dialogue entre les chefs traditionnels et les plus hautes Autorités du pays ;
- Revaloriser le statut, la place et le rôle de la Chefferies Traditionnelles (Statut officiel, place protocolaire, moyens conséquents, humains et financiers) ;
- Revaloriser les Chefferies Traditionnelles afin qu’elles puissent jouer pleinement leur partition dans la pacification, la stabilisation
- Redonner aux chefferies traditionnelles leurs lettres de noblesse
- Identifier les voies et moyens permettant de réhabiliter les chefferies traditionnelles dont l’Autorité est aujourd’hui laminée par plusieurs facteurs ;
- Accentuer le rapprochement de l’Etat des Chefs Traditionnels et Coutumiers ;
- Promouvoir la protection sociale et l’accès aux services sociaux de base (emploi, éducation, santé, eau etc) ;
- Restaurer et réhabiliter le rôle les autorités Traditionnelles et Coutumières afin de mieux jouer leur rôle dans la société ;
- Poursuivre l’accompagnement du retour des réfugiés et des déplacés ;
- Renforcer la conscience civique et patriotique des communautés surtout en milieu nomade ;
- Promouvoir la reprise économique, l’emploi et les infrastructures ;
- La création de conseil des médiateurs endogènes pour le règlement des conflits ;
- Former un Malien de type nouveau ancré dans nos valeurs cardinales techniques la vertu, le courage, le respect, la solidarité et la tolérance entre autres ;
- Revaloriser l’instruction civique dans les écoles Malienne afin que l’on puisse avoir des citoyens modèles sur lesquels doivent fonder le Mali kura (nouveau) ;
- Renforcer la paix, la résilience sociale et la gouvernance décentralisée ;
- Promouvoir et protéger les institutions qui permettent de garder les valeurs traditionnelles positives ;
- Développer des opportunités d’insertion socio-économique en faveur des communautés en milieu rurale ;
- Appui au financement de projets de réinsertion socio-économique de jeunes à risque ;
- Soutenir les mécanismes traditionnels de prévention et gestion des conflits intra et intercommunautaires ;
- favoriser la formation et l’insertion des communautés pour lutter contre les nouvelles formes d’insécurité (Extrémisme violent, Radicalisation, Terrorisme, Criminalité transnationale Cybercriminalité) ;
- Créer des sociétés plus résilientes ;
- Favoriser la médiation des Chefs Traditionnels dans les conflits ;
- Promouvoir une culture de respect des droits humains ;
- Contrer à la Gouvernance et réforme du secteur de la sécurité ;
- Renforcer l’implication des populations sur les questions de sécurité et de développement ;
- Mettre en œuvre des interventions sur mesure adaptées aux circonstances locales ;
- Promouvoir la protection et l’instruction des valeurs civiques et socioculturelles comme moyens de gestion des conflits ;
- Préserver et promouvoir le patrimoine national, l’identité culturelle, les valeurs sociétales et l’utilisation des bonnes pratiques et connaissances indigènes dans tous les aspects du bien-être social ;
- Développer l’éducation de la culture de la citoyenneté et de la non-violence ;
- Renforcer le patriotisme autour des valeurs sociétales ;
- Promouvoir la tolérance, la paix et la stabilité par le dialogue intra et intercommunautaire ;
- Renforcer le dialogue communautaire et lutter contre les causes profondes des conflits
- Former des médiateurs pour la paix ;
- Organiser des sessions de formations sur la Justice Transitionnelle ;
- Organiser des campagnes de formation et de sensibilisation en faveur de la promotion et la consolidation de la paix et de la sécurité ;
- Promotion des initiatives locales en faveur de la paix ;
- Promouvoir la protection et l’instruction des valeurs civiques et socioculturelles comme moyens de gestion des conflits ;
- L’institutionnalisation de la rencontre ;
4- A L’ENDROIT DE LA RENCONTRE :
- La mise en place d’un comité de suivi et de plaidoyer des recommandations et résolutions de la rencontre ;
- Cree un cadre de dialogue et de concertation entre les chefferies traditionnelles Africaine ;
- La mise en place d’une commission en vue de préparer une rencontre inclusive entre toutes les chefferies traditionnelles de l’Afrique de l’ouest pour constituer un conseil supérieur qui portera un plaidoyer au niveau de la CEDEAO, de l’UA et des Nations Unis pour un poste d’observateur ;
- L’élaboration d’une feuille de route (plan opérationnel)
Certaines remarques spécifiques ont été formulées :
- La confusion entre les légitimités Traditionnelles et la Chefferie Traditionnelle à l’issu des débats à l’unanimité il a été décidé de retenir la dénomination Chefferie Traditionnelle ;
- Assurer le suivi du comité restreint ;
- Partager le rapport final avec l’ensemble des participants.
Pensez-vous que les recommandations vont tomber de bonnes oreilles ?
Nous le souhaitons. Je pense que les autorités maliennes ont fait un grand pas. Le président de la transition, le Col Assimi Goïta a fait un grand pas en dédiant une journée à la chefferie traditionnelle et en insérant la chefferie traditionnelle dans l’avant-projet de la Nouvelle constitution. Je pense que nous avons des autorités ici qui sont à notre écoute.
Quel sentiment vous anime après avoir réussi à rassembler les chefferies traditionnelles du 08 au 09 octobre dernier ?
C’est un sentiment de joie, parce que en deux jours, nous avons réuni toutes les chefferies traditionnelles dans une salle et de la sous-région pour parler de la paix, la sécurité et le développement. A cette rencontre, les gens ont parlé aisément sans problème. C’est un sentiment de joie et de fierté.
Quel message vous avez à partager avec les chefferies traditionnelles du Mali et de la sous-région ?
Un message de paix. Je demanderai aux chefferies traditionnelles du Mali et de la sous-région, de nous aider à ramener la paix dans la sous-région d’abord et au Mali pour que les populations puissent vaquer librement à leurs occupations. Nous sommes fatigués, cela fait des années que les populations sont terrorisées. Nous demandons à toutes les chefferies traditionnelles de se donner la main pour qu’on fasse un sursaut national et sous régional auprès de nos chefs d’état.
Merci
Interview réalisée par ATISSO Lambert
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