La tension qui a régné ce 20 octobre 2022 au Tchad dessine un lendemain incertain. Ce, malgré les résultats du dialogue de Doha. La preuve, l’appel des partis et autres associations pour mettre fin à la transition ce jour, est réprimé dans le sang. On dénombre un peu plus de 300 manifestants blessés et au moins 30 autres tués par balles réelles.
L’opposition au régime du fils de feu Déby Itno imposé par la France au terme d’un semblant de dialogue déplacé à Doha. Alors que le dialogue national inclusif et souverain a accordé deux ans de plus de transition à l’actuel leader Mahamat Idriss Deby, des partis politiques et associations de la société civile ont appelé ce jeudi à manifester. Une manifestation qui n’est pas du goût du gouvernement et qui interdit les rassemblements.
Pour le gouvernement, il s’agit de «tentative d’insurrection armée».Mais, l’interdiction n’a pas empêché les jeunes à descendre dans les rues. Conséquence, les forces de l’ordre sont sortis et ont pu utiliser les grands moyens contre les manifestants: tirs de gaz lacrymogènes, des tirs à balles réelles, des bastonnades.
Étant interdite par le gouvernement la veille, la manifestation a été violemment réprimée par les forces de l’ordre. Dans l’après midi de ce jeudi 20 octobre, le Premier ministre de la transition, le vieux opposant Saleh Kebzabo, a annoncé un bilan (provisoire) d’une cinquantaine de morts et plus de 300 blessés. Avant d’annoncer un couvre-feu de 18h à 6h du matin dans les villes de N’Djamena, Moundou, Doba et Koumra. « Ce qui s’est passé, ce n’est pas une marche, c’est une insurrection pour arracher le pouvoir par la force », a déclaré Saleh Kebzabo face à la presse.
Le ministre de l’Administration du territoire, Limane Mahamat, quant à lui, a annoncé la suspension des activités de plusieurs formations politiques pour « troubles à l’ordre public et à la sécurité de nature à porter atteinte à la sureté de l’État et au bon fonctionnement des institutions ».
Il s’agit de : Les Transformateurs, le Front populaire pour la fédération (FPF), le Parti socialiste sans frontière (PSF), Les Patriotes (LP), Al Takhadoum, le Rassemblement pour la justice et l’égalité des tchadiens (RAJET) et le Parti des démocrates pour le renouveau (PDR). Les locaux de ces sept partis politiques sont fermés durant trois mois pour « atteinte à la sûreté d’État », a indiqué le ministre Limane Mahamat.
Les activités de l’organisation de la société civile « Wakit Tama » sont également suspendues jusqu’à nouvel ordre.
Union Africaine (UA) condamne
Le président de la Commission de l’Union Africaine, le Tchadien Mahamat Faki Moussa a vivement condamné la répression brutale et mortelle des manifestants qui contestent l’illégalité du fils d’Idriss Deby, qui entend se maintenir encore au pouvoir deux ans et briguer la magistrature suprême.
« Je condamne fermement la répression des manifestations ayant entrainé mort d’hommes au #Tchad. J’appelle les parties au respect des vies humaines et des biens et à privilégier les voies pacifiques pour surmonter la crise », a écrit le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat. Un tweet qui intervient à la suite des morts enregistrées lors d’une manifestation ce jour au Tchad.
Rappelons que, c’est en avril 2021 suite à la mort du président Idriss Déby Itno, que le Conseil militaire de transition (CMT) avait un mandat de 18 mois pour organiser des élections et passer le pouvoir à un président élu démocratiquement. Mahamat Idriss Déby Itno, fils du défunt Idriss Déby Itno qui était à la tête de la transition militaire a été investi pour 24 mois, le 10 octobre 2022.
TGT
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