Au Tchad, le premier ministre a bouclé ses 100 jours ce 21 janvier 2023. Seulement, le calcul se fait dans le sang. Et l’homme malheureux n’est autre que l’opposant Saleh Kezabo puisque, sous son règne, des partis sont suspendus, des opposants tués ou emprisonnés
Le 10 octobre 2022, soit deux jours après la clôture du dialogue national, les Tchadiens apprennent la nomination de Saleh Kebzabo comme Premier ministre de transition. Un dialogue dont l’ancien opposant a participé à la préparation en tant que premier vice-président mais aussi faisant partie de l’équipe de négociation avec les politico-militaires au pré-dialogue de Doha.
Le 14 octobre, il forme son gouvernement composé de 45 membres. A peine installé, le nouveau gouvernement fait face à son premier grand défi : des partis et organisations de la société civile qui ont refusé de participer au dialogue national programment une marche le 20 octobre pour protester contre la prolongation de la transition de deux ans. Interdite, cette marche aura pourtant lieu dans les villes comme N’Djamena, Sarh, Koumra, Doba, Moundou. La répression est sévère. Les organisateurs évoquent des centaines de morts, des blessés et des personnes arrêtées ou enlevées. Le Premier ministre a lui-même donné au soir du 20 octobre un bilan de 50 morts, qualifiant la marche « d’insurrection populaire » en vue de prendre le pouvoir.
Dans la foulée, des mesures fortes sont prises : instauration de l’Etat d’urgence et d’un couvre-feu dans les villes où il y a eu des manifestations et la suspension pour trois mois des partis qui ont lancé la marche dont les parti Les Transformateurs, les Patriotes, parti socialiste sans frontières (la période de la suspension étant arrivée à terme hier, les partis sont autorisés à reprendre leurs activités). Les principaux opposants, dont Succès Masra, sont soit entrés en clandestinité soit ont quitté le pays.
C’est donc face à une opposition pratiquement décapitée que le gouvernement fait son bonhomme de chemin. Le 3 novembre, le Conseil national de transition faisant office de parlement transitoire valide par acclamation le programme politique soumis par le Premier ministre. Un programme articulé en cinq axes à savoir la défense, la sécurité, la paix, la cohésion sociale et la réconciliation nationale; la mise en œuvre des résolutions et recommandations du dialogue national et de l’Accord de Doha ; la promotion de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit ; la relance économique et l’amélioration des conditions de vie et enfin le retour à l’ordre constitutionnel par l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes.
Un programme sans précision de calendrier et de moyens de mise en œuvre qui a laissé beaucoup d’observateurs dubitatifs.En novembre et décembre les divers comités chargés de la mise en œuvre du cahier de charges du dialogue national ont été mis en place.
Bilan inexistant
Salaeh Kezabo est un homme politique qui sortira par la petite fênetre dans l’histoire politique dans son pays. Ils sont nombreux, ses tchadiens qui au finish, se sont rendus compte que, tout n’est qu’un mirage vendu. Les 100 jours de l’opposant sont devenus rien du pipo. Constat fait aussi par Moussa Mahamat Mahadi, président de la Dynamique citoyenne pour la protection des droits du consommateur (DCPDC) qui estime que ce gouvernement n’a rien apporté dans le quotidien des Tchadiens.
Pour lui, le sujet urgent auquel le gouvernement doit s’atteler est la cherté de vie car le souci premier des Tchadiens c’est de manger à sa faim. “Les Tchadiens ne sont pas intéressés par la politique, ils veulent juste que leur quotidien soit amélioré et le gouvernement doit s’atteler à celà. Le Tchadien a juste faim et cette situation de misère est exploitée par les politiciens”, dit-il.
Il renchérit qu’aujourd’hui, les consommateurs ne savent à quel saint se vouer et sont incapables d’intervenir dans le circuit économique et celà est dû à la faiblesse du pouvoir d’achat, conséquence du chômage criard. ” La fonction publique ne peut pas contenir tout le monde et il faut améliorer le climat des affaires afin de promouvoir l’entrepreneuriat qui est la solution au chômage”.
TGT
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